Voici ci-dessous une description de notre projet, au travers de quelques questions et réflexions.
Une maison ? Une maison à la campagne ? Une grande maison ? Notre projet concerne une maison individuelle, qui plus est une maison à la campagne et relativement grande. C'est donc en plein dans le stéréotype de l'individualisme occidental et dans le néo-ruralisme tellement consommateur d'espace naturel et dispendieux en énergie pour les déplacements.
Conscient que cela est un luxe, qui est difficilement généralisable à l'échelle de tous les habitants de cette planète, nous allons toutefois tenter de le rendre compatible avec une
empreinte écologique soutenable, afin de peser le moins possible sur les conditions de vie des autres êtres vivants du monde. Pour cela, nous allons nous efforcer de produire, consommer, travailler et vivre "local".
La maison fera 130m² de SHON. Au départ nous projetions relativement petit (environ 80m2), car plus c'est petit moins c'est d'argent, de temps, d'effort, d'énergie, de matériau, d'empreinte écologique ...
Pourquoi grand alors ?
* volonté de pouvoir accueillir du monde
* bureau indépendant pour activité profesionnelle à domicile
* capacité d'évolution pour 3 chambres
* possibilité d'avoir un espace de jeu pour les enfants et pour sècher le linge à l'intérieur l'hiver
* avoir de l'espace pour cuisiner
Ca ne me semble pas extravagant, et pourtant caser tout ça dans 80m2 en respectant le bioclimatisme et les contraintes du terrain, c'était très difficile ...
Quelles seraient les alternatives à la grande maison à la campagne ?
* Maison individuelle mais en ville : on a effectivement un accès plus facile à de nombreux services, limitant théoriquement les déplacements nécessaires. Cependant, c'est non seulement une alternative hors de prix, nous condamnant à travailler plus pour rembourser plus longtemps, mais la conception de la plupart des villes montrent aussi que les déplacements sont quand même très nombreux de part la disparition des commerces de proximité au profit de la spécialisation des quartiers et du regroupement des commerces en périphérie, sans compter le besoin d'évasion des urbains pour se mettre au vert ...
La ville, bien que directement source potentielle d'économie d'énergie, en est indirectement une grande consommatrice, de part les flux incessants qu'elle nécessite. Rares sont les villes ou les quartiers dans lesquels, on peut se nourrir ou se chauffer avec ce qui est produit sur place, ou valoriser ses déchets sur place ... la ville est archidépendante et sous-perfusion permanente de la campagne.
Enfin la ville est un vivier d'activités culturelles, sportives et associatives, mais est aussi la source d'une civilisation élevée hors-sol, dans un environnement ou tout a été domestiqué par l'Homme. C'est un lieu de vie dans lequel, il est peu propice de développer sa sensibilité aux équilibres fragiles de la nature.
* Appartement en ville : c'est mieux que la maison en ville, en raison de la densité d'habitation plus élevée (moindre consommation d'espace, de matériaux et d'énergie pour le chauffage). Mais ils sont le plus souvent mal conçus, donnant la sensation de promiscuité et d'être gêné par les voisins qui demeurent la plupart du temps des inconnus. Et ça reste très cher !
* Habitat groupé : plusieurs initiatives très intéressantes vont dans ce sens. De la simple coopérative d'habitants à l'habitat communautaire, l'avantage indéniable est la possibilité de mutualisation des moyens, des espaces, des services, etc ... C'est aussi très probablement une expérience humaine enrichissante, mais c'est probablement là qu'est le plus grand risque d'échec. Comment trouver la juste limite durable entre espace privé et vie commune, comment prendre des décisions à consensus sans faire trop de compromis, comment être sûr que l'on sera toujours en phase avec les autres ? Nous avons tenté l'approche, mais sans réussir à s'y projeter en famille. Ah "Individualisme" quand tu nous tiens !!!
* Habitat léger (yourte, cabane, mobilhome, micro-maison) : C'est un mode de vie que je trouve très vertueux, et je tire mon chapeau à ceux qui le pratiquent au quotidien. Nous n'avons pas réussi à franchir le pas.
Une maison en paille ? Nos motivations pour construire une maison en paille (plus précisémment une maison à ossature bois et remplissage en bottes de paille), seront certainement communes en grande partie avec
celles des autres constructeurs de maisons similaires
* Construire une maison à très forte isolation thermique
* Construire avec un matériau naturel, renouvelable, sain, local et nécessitant très peu d'
énergie grise * Construire une maison aux parois "respirantes" ou plus exactement "perspirantes"
* Vous êtes déjà rentré dans une maison en paille afin d'y apprécier l'atmosphère indescriptiblement chaleureuse qui y règne ?
Je n'aborderai pas ici la fable des 3 petits cochons ni de la résistance au feu qui ont été déjà maintes fois traités sur d'autres sites.
Pourquoi auto-construire ? Nous avons fait le choix de faire la plus grande partie de la construction par nous-même. Cela ne veut pas dire tout faire tout seul, car nous espérons bien que ce chantier sera participatif ainsi qu'un lieu d'échange et d'entre-aide.
L'auto-construction signifie pour nous :
* se réapproprier l'acte de construction, alors que notre société d'ultra-consommation tend à tous nous faire déléguer aux spécialistes, professionnels et prestataires de services.
* s'affranchir de la recherche de l'aspect parfait et uniforme des constructions modernes, où l'esthétique prime sur l'efficacité. Tout ne sera pas parfait, mais nous aurons la satisfaction de l'avoir fait nous-même.
* le budget afin de pouvoir faire mieux et plus écolo pour le même prix qu'une construction base de gamme.
Choix de la technique du GREB ? Parmi les différentes techniques existantes pour la construction en paille, nous avons retenu celle du GREB, promue en France par l'association
Approche-Paille. Comme dans tout choix, il y a des avantages et des inconvénients, qui sont
pour nous les suivants :
Les plus :
+ Possibilité de faire la plus grande part en auto-construction (y compris l'ossature).
+ Efficacité, durabilité et simplicité de coulage pour le mortier, par rapport aux enduits (couche d'accroche et couche de corps) des autres techniques.
+ Après avoir expérimenté plusieurs techniques sur des chantiers, c'est celle du GREB qui me paraissait avoir la meilleure aptitude à réduire les ponts thermiques, de part le fait qu'il n'y ait aucun espace à combler entre les ballots.
+ La paille peut être protégée (sur les côtés) très rapidement par le mortier au fur et à mesure la mise en oeuvre
+ Avoir une double ossature externe permet de suspendre à l'intérieur ou à l'extérieur des charges lourdes
Les moins : - Utilisation obligatoire de la chaux (énergivore) et très recommandée de ciment (très énergivore et produit non écolo) pour le mortier. Mais à ce sujet, lisez la
liste des questions fréquemment posées (FAQ) concernant le GREB - Pas possibilité d'utiliser la terre pour le mortier et les enduits, qui est le matériau de loin le plus écolo pour cette usage.
Autres choix de conception ? Notre projet de maison se veut aussi :
* bioclimatique (solaire passif, inertie thermique intérieure, habitat compact avec étage et pièces tampons ...)
* économe en énergie et à valorisation des énergies renouvelables (moindre usage de l'électricité, chauffe-eau solaire en thermosiphon, poële à bois, ...)
* à impact réduit sur l'environnement (toilettes sèches, phytoépuration, ...)
